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Avec les réseaux sociaux, la diffusion d’informations n’a jamais été aussi massive, instantanée et incontrôlée. Dopée par l’intelligence artificielle, la falsification d’images, de sons et de vidéos atteint désormais un niveau inédit, brouillant toujours plus la frontière entre le vrai et le faux. Désormais, une rumeur peut se propager à la vitesse de la lumière, une fausse information se transformer en vérité alternative et les citoyens, jeunes et adultes confondus, sont exposés à un risque grandissant de manipulation. Il est donc essentiel d’encourager une utilisation responsable et critique du numérique en sensibilisant les parents et en éduquant nos enfants.

En mars 2024, un sondage mené par l’institut Ipsos pour Sopra Steria(1), un acteur majeur du digital en Europe, a mis en lumière la vulnérabilité des Français face à la désinformation. Le constat est alarmant. 74 % des personnes interrogées affirment être régulièrement confrontées à des informations fausses sur les réseaux sociaux. Et s’ils sont une grande majorité à penser qu’ils peuvent distinguer le faux du vrai (74%), ils sont en fait 66 % à avoir cru à (au moins) l’une des fake news présentée lors de l’enquête.

Une menace ancienne amplifiée par les nouvelles technologies

La désinformation n’est pas un phénomène nouveau. Dès le XVIIe siècle, Jean de La Fontaine illustrait déjà cette tendance dans sa fable Le statuaire et la statue de Jupiter : « L’homme est de glace aux vérités ; il est de feu pour les mensonges ». Au fil des siècles, la manipulation de l’information a servi des intérêts politiques et idéologiques, des montages photo de la Commune de Paris aux purges soviétiques effaçant les dirigeants déchus des images officielles.

Si les réseaux sociaux et l’IA n’ont pas inventé la désinformation, ils en ont changé l’ampleur. Comme le souligne Fabrice Fries, PDG de l’Agence France-Presse, dans son livre L’Emprise du faux(2) : « La désinformation, qui était autrefois sporadique en raison du coût d’accès à l’audience, est désormais massive ». Cette prolifération des fake news sur les réseaux sociaux – voire leur banalisation – s’explique par le fait qu’elles exploitent des schémas de pensée trompeurs qui les rendent particulièrement attractives.

Les biais cognitifs, moteur de la désinformation

Pourquoi sommes-nous si réceptifs aux fausses informations ? La psychologie cognitive apporte des éléments de réponse. Gérald Bronner, dans Apocalypse cognitive(3), identifie six biais cognitifs majeurs qui favorisent la diffusion de la désinformation :

1. Le biais de confirmation : nous avons tendance à ne retenir que les informations confirmant nos croyances préexistantes.

2. Le biais de disponibilité : nous nous fions aux informations les plus récentes ou accessibles sans en vérifier la pertinence.

3. Le biais de négativité : nous accordons plus d’importance aux événements négatifs qu’aux positifs.

4. Le biais de représentativité : nous extrapolons une vérité universelle à partir d’un cas isolé.

5. Le biais d’intentionnalité : nous prêtons une intention cachée derrière chaque événement, alimentant ainsi les théories du complot.

6. L’effet de halo : nous attribuons de la crédibilité à des figures d’autorité même hors de leur domaine de compétence.

Régulation et éducation : des leviers essentiels

Les auteurs de fake news savent le plus souvent utiliser ces mécanismes à leur avantage, quelles que soient leurs intentions : simple canular, envie de faire le buzz ou volonté de manipuler l’opinion pour faire peur, influencer… ou en tirer du profit !

Les réseaux sociaux, eux aussi, exploitent la situation. Leurs algorithmes, conçus pour maximiser l’engagement des utilisateurs, favorisent les contenus sensationnalistes et polarisants. Avec l’essor de l’intelligence artificielle générative, les fake news bénéficient désormais d’un atout supplémentaire. En février 2025, Chloé Woitier, journaliste au Figaro, alertait en écrivant « les IA génératives ont facilité la production automatisée et sans vérification d’images, vidéos ou sites web cherchant à capter le maximum d’audience sur Facebook, YouTube ou Google. Un appât du gain qui trouble notre rapport entre le vrai et le faux. » (4)

Il est désormais plus aisé de fabriquer des contenus dont l’objectif principal est de susciter des émotions fortes que de fournir des informations honnêtes et vérifiées, lesquelles requièrent un travail de vérification des sources et un discours factuel. Cette production exponentielle de contenus factices commence à être identifiée à une sorte de « pollution numérique ». 

Face à ce phénomène, une majorité de Français plaide pour une régulation renforcée des réseaux sociaux et pour une éducation aux médias plus précoce. Selon le baromètre des médias 2025(5), 59 % des sondés estiment que la lutte contre la désinformation doit passer par une meilleure modération des réseaux sociaux, tandis que 41 % prônent une sensibilisation aux médias dès le plus jeune âge.

Alexandre Capron, journaliste en charge de la vérification des contenus pour Les Observateurs(6) de France 24, recommande trois réflexes essentiels avant de partager une information :
1. Qui se cache derrière cette information ?
2. Quelles preuves sont apportées ?
3. Quelles autres sources peuvent corroborer cette information ?

En fin de compte, la vigilance et l’esprit critique demeurent nos meilleures armes contre la désinformation.

Sources :

(1) L’impact de la désinformation sur les élections européennes, étude Ipsos pour Sopra Steria (2024). https://www.ipsos.com/fr-fr/europeennes-2024/europeennes-2024-les-francais-particulierement-vulnerables-la-desinformation
(2) Fabrice Fries, L’Emprise du faux, éditions de L’Observatoire, 2021
(3) Gérald Bronner, Apocalypse cognitive, Presses Universitaires de France, 2021
(4) Chloé Woitier, «C’est une nouvelle pollution numérique» : le Slop, ce raz-de-marée de contenus IA qui menace internet, Le Figaro, 02 février 2025
(5) La confiance des Français dans les médias, 38e édition du baromètre La Croix – Verian – la Poste, 2025, https://27192314.fs1.hubspotusercontent-eu1.net/hubfs/27192314/Verian%20-%20La%20Croix%20-%20Barom%C3%A8tre%20M%C3%A9dias%202025%20-%20Rapport.pdf
(6) Alexandre Capron, Fake news : Le guide pour repérer la désinformation et éviter de tomber dans les pièges, Mardaga, 2024

Les Français passent en moyenne plus de quatre heures par jour devant un écran, selon la dernière étude de l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), publiée le 19 mars 2025. Une tendance en hausse constante, qui reflète l’ancrage croissant du numérique dans les usages quotidiens.

Une progression marquée de la consommation numérique
L’étude révèle que 25 % des personnes interrogées déclarent passer plus de cinq heures par jour sur leurs écrans – smartphones, ordinateurs, tablettes ou télévisions confondus. Cette intensification de l’usage concerne toutes les tranches d’âge, mais elle s’accompagne d’un ressenti ambivalent chez les utilisateurs.

Un sentiment d’hyperconnexion largement partagé
Un Français sur deux considère passer trop de temps devant les écrans, et près d’un sur cinq estime que ce temps est « beaucoup trop » important. Ce sentiment de saturation numérique s’exprime de manière plus aiguë chez les jeunes adultes : 61 % des 18-24 ans qui passent plus de trois heures par jour sur leurs écrans estiment ce temps excessif. À titre de comparaison, cette perception ne concerne que 31 % des plus de 70 ans.

Ces résultats mettent en lumière un contraste générationnel significatif : si les jeunes sont les plus connectés, ils sont aussi les plus critiques face à leur propre usage. Cette conscience accrue des effets de la surexposition souligne l’importance croissante des questions liées à l’équilibre numérique et à la régulation des usages.

Points clés à retenir :
– Temps d’écran moyen supérieur à 4 heures par jour
– 25 % des Français dépassent les 5 heures quotidiennes
– 50 % jugent leur usage excessif
– Les 18-24 ans sont à la fois les plus connectés et les plus lucides sur cette surexposition

Consulter l’étude complète : Équipements et usages du numérique – Rapport ARCEP, mars 2025

La plateforme TikTok, appartenant au groupe chinois ByteDance, a récemment introduit une nouvelle fonctionnalité visant à aider les parents à mieux gérer le temps d’écran de leurs enfants. Baptisée “Temps hors écran”, cette option permet aux adultes de définir une période pendant laquelle l’accès au compte de l’adolescent de moins de 16 ans sera restreint. Cette fonctionnalité est similaire à celle déjà proposée par son concurrent Instagram, du groupe Meta. Lorsqu’un blocage est activé, l’adolescent ne peut y échapper, à moins de déverrouiller l’accès grâce à un “code d’accès unique”, que seul le parent connaît et peut partager.

crédit photo : ©TikTok

La Fondapol vient de publier une note signée par Loïse Lyonnet (Chargée d’études à l’Institut Enterritoires*) et Michaël Stora (psychologue et psychanalyste spécialisé dans le numérique et les écrans), intitulée “Jeux vidéo : violence et addiction ?”.

Les auteurs soulignent que les jeux vidéo valorisent l’investissement des joueurs, notamment en termes de temps passé. Le principe est simple : plus on joue, plus on progresse. Cependant, certains jeux exploitent des mécanismes appelés “Dark Patterns”, destinés à prolonger l’engagement ou à inciter les joueurs à dépenser davantage.

Ces pratiques suscitent des inquiétudes croissantes chez les familles, les professionnels de santé et les autorités publiques, qui s’intéressent de plus en plus au phénomène de l’addiction aux écrans.

Dans une perspective de promotion de pratiques saines, les auteurs appellent à une mobilisation générale. Informer les jeunes joueurs, accompagner les parents et responsabiliser l’industrie sont des étapes indispensables. Parmi les mesures préconisées figurent la suppression de l’enchaînement automatique des parties, l’introduction de pauses obligatoires et la réduction des Dark Patterns. Les parents sont invités à s’impliquer davantage en jouant avec leurs enfants et en encadrant leurs habitudes de consommation.

Enfin, les auteurs insistent sur l’importance d’ouvrir un débat approfondi sur ce sujet complexe, loin des oppositions simplistes. L’industrie doit également adopter une posture éthique et citoyenne pour répondre aux défis à l’ère de l’omniprésence des écrans. Ce sont là des enjeux vastes et urgents, nécessitant une action collective et coordonnée.

* L’Institut Enterritoires est un lieu de rencontres, de réflexions collectives et de propositions autour des grands enjeux des territoires. https://www.linkedin.com/company/institut-enterritoires/about/

https://www.fondapol.org/etude/jeux-video-violence-et-addiction/