En session plénière à Strasbourg, mardi 17 juin, les députés européens se sont prononcés à une large majorité pour renforcer la lutte contre les abus sexuels sur les enfants en adaptant une directive de 2011 à l’ère numérique.
Adoptée en 2011, la directive actuelle relative à la lutte contre les abus sexuels et l’exploitation des enfants, ainsi que la pédopornographie, a permis d’harmoniser les infractions pénales et les sanctions minimales au sein des États membres.
Mais, une évaluation menée par la Commission européenne en 2022 a toutefois mis en évidence des lacunes importantes, en particulier face aux nouvelles formes d’abus rendues possibles par le numérique.
La nouvelle version de la directive va moderniser les incriminations, améliorer la coopération transfrontalière, renforcer les droits des victimes et renforcer la sensibilisation des professionnels en contact avec des mineurs. La révision de la directive permettra de criminaliser la création, la possession et le partage de matériel pédopornographique généré à l’aide de l’intelligence artificielle (IA).
L’exposition des jeunes à la pornographie est un véritable enjeu de santé publique. Entre 11 et 15 ans, période-clé où se forge l’identité personnelle et sexuelle, les contenus pornographiques peuvent avoir un impact profond, durable… et encore trop souvent ignoré.
C’est pour briser ce silence que l’association We Are Lovers a vu le jour en 2018. Fondée par des jeunes directement touchés par l’addiction au porno, elle lutte contre ce fléau invisible : la dépendance et l’isolement qu’il provoque, mais surtout, le tabou qui l’entoure.
Aujourd’hui forte de plus de 50 membres répartis dans plusieurs grandes villes de France, l’association agit au cœur du système éducatif. À la demande des établissements scolaires, ses bénévoles — âgés de 19 à 30 ans — animent des interventions destinées aux élèves de la 4e à la terminale. L’association revendique d’avoir sensibilisé déjà près de 75 000 personnes à la question de l’addiction à la pornographie.
Leur force ? Le vécu et la proximité générationnelle. Ayant grandi avec un accès quasi illimité à la pornographie en ligne, ils partagent une expérience à la fois intime et éclairée. Sans jugement, ils racontent les effets concrets de cette consommation sur leur vie : isolement social, déformation des relations affectives, banalisation de la violence sexuelle, etc.
En savoir plus : wearelovers.fr
Les Français passent en moyenne plus de quatre heures par jour devant un écran, selon la dernière étude de l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), publiée le 19 mars 2025. Une tendance en hausse constante, qui reflète l’ancrage croissant du numérique dans les usages quotidiens.
Une progression marquée de la consommation numérique
L’étude révèle que 25 % des personnes interrogées déclarent passer plus de cinq heures par jour sur leurs écrans – smartphones, ordinateurs, tablettes ou télévisions confondus. Cette intensification de l’usage concerne toutes les tranches d’âge, mais elle s’accompagne d’un ressenti ambivalent chez les utilisateurs.
Un sentiment d’hyperconnexion largement partagé
Un Français sur deux considère passer trop de temps devant les écrans, et près d’un sur cinq estime que ce temps est « beaucoup trop » important. Ce sentiment de saturation numérique s’exprime de manière plus aiguë chez les jeunes adultes : 61 % des 18-24 ans qui passent plus de trois heures par jour sur leurs écrans estiment ce temps excessif. À titre de comparaison, cette perception ne concerne que 31 % des plus de 70 ans.
Ces résultats mettent en lumière un contraste générationnel significatif : si les jeunes sont les plus connectés, ils sont aussi les plus critiques face à leur propre usage. Cette conscience accrue des effets de la surexposition souligne l’importance croissante des questions liées à l’équilibre numérique et à la régulation des usages.
Points clés à retenir :
– Temps d’écran moyen supérieur à 4 heures par jour
– 25 % des Français dépassent les 5 heures quotidiennes
– 50 % jugent leur usage excessif
– Les 18-24 ans sont à la fois les plus connectés et les plus lucides sur cette surexposition
Consulter l’étude complète : Équipements et usages du numérique – Rapport ARCEP, mars 2025