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Cyberharcèlement : famille, école et Europe s’unissent pour protéger les jeunes !

29/10/25

Près d’un quart des jeunes Français disent avoir été victimes de cyberharcèlement. Face à un phénomène en expansion, parents, enseignants, institutions et plateformes numériques unissent leurs forces pour construire un espace digital plus sûr. Tour d’horizon des dispositifs de prévention et d’action.

Cyberharcèlement : un phénomène qui touche 23 % des 6-18 ans

Les réseaux sociaux sont incontournables dans la vie quotidienne et la socialisation des enfants et des adolescents. Plus de quatre jeunes sur cinq âgés de 11 à 17 ans utilisent quotidiennement au moins une très grande plateforme en ligne, telle que définie par le règlement européen sur les services numériques (plateformes de vidéos, messageries instantanées, réseaux sociaux, jeux en ligne, sites de rencontres).

Publiée le 25 septembre 2025, la dernière étude de l’Arcom, le régulateur de la communication audiovisuelle et numérique, intitulée « Mineurs en ligne : quels risques ? Quelles protections ? » dresse un constat alarmant avec, en première ligne, le cyberharcèlement !

Les chiffres révèlent l’ampleur du phénomène : 35 % des mineurs interrogés déclarent y être confrontés, avec une exposition plus prononcée chez les jeunes filles. Et la majorité de ceux qui y sont exposés de façon régulière (16 %) avouent que ce risque a un fort impact sur leur bien-être.

Un aspect particulièrement troublant émerge aussi : les mineurs peuvent être à la fois victimes et auteurs de cyberharcèlement. Ainsi, 34 % des 11-17 ans indiquent avoir déjà été auteurs, c’est-à-dire avoir déjà envoyé de façon répétée des messages ou participé à une conversation à caractère blessant, méchant ou menaçant.

WhatsApp, théâtre privilégié de la cyberviolence

Contrairement aux idées reçues qui pointent du doigt les réseaux sociaux ouverts comme X (ex-Twitter) ou TikTok, c’est l’application de messagerie WhatsApp qui concentre 44 % des situations de cyberharcèlement rapportées par e-Enfance.

Ce constat bouleverse notre compréhension du phénomène : le cyberharcèlement ne se déroule pas principalement dans l’espace public numérique, face à des inconnus malveillants, mais au cœur même des groupes de pairs constitués. Les agresseurs ne sont pas des prédateurs extérieurs mais les camarades de classe, les “amis” Facebook, les membres du groupe WhatsApp de l’équipe de sport…

Cette proximité sociale rend l’agression d’autant plus douloureuse qu’elle brise la confiance et isole la victime de son cercle social immédiat. Le cyberharcèlement apparaît ainsi comme une pathologie de la sociabilité adolescente, où les outils de communication privée sont détournés pour exclure et agresser au sein même du groupe.

Apporter du cadre par la parentalité numérique

Pour les parents, le cyberharcèlement, comme tout risque numérique, représente un paradoxe. Traditionnellement, la cellule familiale est un espace de réconfort et la chambre est vécue comme un lieu de sécurité pour l’enfant ou l’adolescent : une bulle intime propice au répit et au ressourcement.

Avec le cyberharcèlement, ces espaces se trouvent envahis. Le harcèlement n’a plus de limites spatio-temporelles et peut se poursuivre 24 heures sur 24, rendant l’intimité de la chambre vulnérable au stress, à l’humiliation et à l’anxiété générés par les attaques en ligne.

Face à cette menace rampante, la prévention est une nécessité. Elle passe d’abord par le choix d’assumer la parentalité numérique. Le numérique n’est pas un espace qui appartiendrait uniquement aux jeunes, sans la protection de leurs parents. Le premier réflexe est de s’intéresser à la vie numérique de ses enfants car elle constitue une part essentielle de leur vie sociale. Ces échanges sont le moyen de détecter les signaux faibles d’un possible harcèlement en ligne.

Des dispositifs éducatifs renforcés

En France, le programme pHARe – un plan global de prévention et de traitement des situations de harcèlement à l’école, mis en œuvre par 100 % des écoles et établissements – s’inscrit dans cette démarche. Mis en place depuis 2021, généralisé aux écoles et collèges à la rentrée 2022, il est étendu aux lycées depuis la rentrée 2023.

Le programme s’appuie sur cinq piliers essentiels :
• Éduquer les élèves pour prévenir les situations de harcèlement ;
• Former une communauté protectrice autour d’eux ;
• Intervenir de manière rapide et efficace ;
• Associer les parents ainsi que les partenaires de l’école au déploiement du dispositif ;
• Impliquer les instances de la vie scolaire (conseils de vie collégienne, lycéenne, etc.).

L’une des conditions de réussite du programme pHARe est qu’il soit connu de tous. C’est pourquoi la communication du numéro d’urgence 3018, destiné à l’écoute des victimes et des familles, est systématisée à chaque rentrée scolaire dans les carnets de correspondance et autres supports numériques.

Le 3018, pivot du dispositif de lutte contre le harcèlement

Ce dispositif a franchi un cap décisif en 2024 lorsque l’Arcom l’a désigné comme premier « signaleur de confiance » en France, dans le cadre du Digital Services Act européen. Ce statut officiel oblige toutes les plateformes en ligne (réseaux sociaux, messageries, jeux vidéo) à traiter les signalements du 3018 en priorité, permettant d’obtenir la suppression de contenus et de comptes préjudiciables en quelques heures, voire en quelques minutes. Une procédure accélérée qui offre enfin une réponse technique rapide et efficace aux victimes.

Les statistiques témoignent de la montée en charge spectaculaire du dispositif : les sollicitations sont passées de 50 000 en 2023 à près de 160 000 en 2024. Près de 70 % des cas traités concernent des situations de harcèlement et l’âge des appelants confirme la tendance au rajeunissement, avec 44 % des contacts qui concernent des jeunes de moins de 15 ans.

Gratuit, anonyme et confidentiel, le 3018 est disponible 7 jours sur 7, de 9 heures à 23 heures avec, au bout du fil, une équipe dédiée composée de psychologues, de juristes et de spécialistes des outils numériques. Depuis avril 2022, les écoutants du 3018 ont la possibilité de transmettre des signalements à l’Éducation nationale grâce à une application sécurisée mise à disposition par le ministère.

En parallèle, des personnels de confiance dans les écoles et les établissements, ainsi que les responsables académiques et départementaux, répondent aux familles sur les lignes académiques de signalement.

La réponse à l’échelle de l’Union européenne se construit

Dans le cadre du règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act), l’Union européenne entend créer un espace numérique plus sûr et plus équitable où les droits fondamentaux des utilisateurs sont protégés, y compris ceux des mineurs.

La Commission européenne travaille actuellement à l’élaboration d’un plan d’action contre le cyberharcèlement. Il s’agira notamment de définir les mesures à prendre par les adultes, les écoles et les plateformes de réseaux sociaux pour contribuer à prévenir le cyberharcèlement et mieux soutenir les enfants qui en sont victimes.

Le cyberharcèlement n’est pas une fatalité : ensemble, famille et école peuvent construire un environnement numérique plus sûr pour nos jeunes.

Pour aller plus loin

Comprendre le cyberharcèlement avec le psychologue Samuel Comblez (e-Enfance / 3018)
https://www.assurance-prevention.fr/podcast-cyberprev-decode-comprendre-cyber-harcelement-psychologue-samuel-comblez/

Sources :

  • Étude Arcom « Mineurs en ligne : quels risques ? Quelles protections ? », septembre 2025
  • Association e-Enfance, rapport 2024
  • Ministère de l’Éducation nationale, programme pHARe
  • Commission européenne, Digital Services Act (DSA)
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